Trois réussites nous permettent d’avoir un bon ego, d’avoir – et c’est très important – une bonne estime de nous-mêmes.

La première est la réussite amoureuse et sexuelle. Il faut avoir une bonne estime de soi dans sa vie amoureuse, dans sa vie de couple, mais aussi dans son plaisir sexuel, la qualité de son orgasme. Il y a dans l’expérience sexuelle un affrontement au plaisir que nous valons, au plaisir que nous méritons. Et quand nous avons une bonne vie amoureuse, une bonne vie sexuelle, nous avons accompli un tiers de l’ego.

La deuxième est la réussite matérielle et financière. A la fin de nos études, nous avons aperçu la vie que nous voulions avoir, imaginé la maison que nous rêvions d’habiter, les loisirs dont nous avions envie. Il y avait en nous la réussite matérielle et le confort matériel que nous méritons. Et en fonction de notre accomplissement professionnel et financier, nous nous rapprochons d’une bonne estime de nous-mêmes parce que nous consommons bien notre vie ou pas. C’est une deuxième partie de l’égo :   « Ai-je bien réussi matériellement ?   Ai-je le confort matériel que je mérite ? »

La troisième réussite est la réussite sociale : « Ai-je des activités dans mon village, dans la société, avec mes amis, ou est-ce que je vis replié dans ma maison, en ne servant à rien ni à personne en-dehors de ma famille ? » Il nous faut avoir une bonne vie sociale, chacun à notre mesure, pour être dans une bonne estime de nous.

La réussite sociale, la réussite matérielle et la réussite amoureuse et sexuelle déterminent ainsi un plus ou moins grand sentiment de réussite personnelle,

un plus ou moins bon goût de nous-mêmes. Et à part les voies monacales où il est nécessaire de s’extraire de la vie professionnelle, amoureuse et sociale pour s’accomplir, tout être a besoin de réussir dans la vie pour avoir une bonne estime de lui. C’est pourquoi toute voie spirituelle nous apprend à avoir, ou à maintenir, un bon ego. L’accomplissement de l’ego fait partie du développement spirituel. Car la vie spirituelle va demander par la suite de dépasser cet ego, de ne plus se contenter d’avoir, de seulement réussir dans la vie, mais de commencer à réussir sa vie. De nous sentir vivants non plus par la répétition de notre métier, de notre vie de tous les jours, mais par une utilité que nous seuls pouvons avoir, une Tâche unique que nous seuls pouvons accomplir.

Et il faut bien comprendre que la Tâche va dépendre de l’ego.

Si on dépasse un petit ego, on ne saura pas se donner entièrement à une Tâche, on aura une petite Tâche. Si on dépasse un bon ego, on aura une grande Tâche. Donner sa vie à Dieu – à ce pour quoi on est venu sur terre – ce n’est pas pour rattraper une vie ratée, une vie non accomplie. Il faut au contraire donner une vie de réussite pour que la vie de Service qui va suivre ait de la force et de la puissance. Il faut avoir renoncé à de grands amours et de grandes réussites tournés seulement vers nous pour que donner notre vie aux autres, donner notre vie à une cause, ait du prix.