Il n’y a que l’homme augmenté de l’intérieur, l’homme augmenté par son ange, c’est-à-dire l’Homme inspiré, qui en fin de compte triomphera de la vie sur terre en étant la forme la plus évoluée de l’espèce humaine.
Cet Homme habité sera le frère jumeau de l’homme hébété, quand l’humain vidé de sa mémoire et de son intelligence combinatoire par les appareils informatiques sera soit un humain évidé soit un humain habité par ce qui reste quand l’intelligence et la mémoire viennent à manquer. Et ce qui reste quand la mémoire et l’intelligence viennent à manquer, c’est l’inspiration créatrice, l’intuition géniale, voire une certaine médiumnité qui deviendra alors naturelle, une certaine ultra sensibilité bien plus développée de tous nos organes des sens.
Il faut s’interroger sur les fonctionnements de l’Homme inspiré.
Car comment peut-on être à nouveau heureux dans ces nouvelles conditions ? Comment va-t-il vivre, dans quel monde ? Quelles seront ses nouvelles performances ? Quelles seront ses nouvelles épreuves ? Que deviendront le bonheur, la souffrance ? Que deviendront les vies humaines quand l’Homme inspiré sera devenu le représentant le plus évolué de notre espèce ? Voilà les nombreuses questions auxquelles il faut bien essayer de répondre !
L’homme privé d’intelligence et de mémoire par tous les appareils qui vont l’entourer (même si sans doute, à l’avenir, des cellules seront greffées dans nos cerveaux pour nous mettre en contact direct avec la mémoire et l’intelligence informatiques) sera devant un défi gigantesque : soit mener une vie de zombie, soit mener une vie d’Homme inspiré. Soit mener une existence par procuration et manipulée par tous ceux qui tireront les ficelles de l’informatique, soit mener une vie habitée et inspirée par l’ange, ou le Maître intérieur, ou l’esprit Saint, selon les convictions de chacun.
Cette vie inspirée commencera par une conquête de la vie intérieure, dernier territoire inconnu de l’espèce humaine.
Cette vie inspirée saura combien l’ultime confort est toujours intérieur, quel que soit le confort extérieur que l’on parvient à obtenir. L’Homme inspiré sera d’abord bien inspiré par lui-même et la connaissance de ses propres misères, comme un trésor de connaissance permettant la conquête suivante de sa vie intérieure. Ainsi il sera offert à cet homme quelque chose qui n’appartient ni à l’intelligence ni à la mémoire, et c’est l’apprentissage de l’amour pour ses propres misères : la Miséricorde… ou s’accorder le droit à sa propre misère !
Et c’est précisément cette Miséricorde qui va ouvrir les vannes puissantes de l’inspiration humaine. C’est bien cette Miséricorde devenue sacrée qui sera à l’origine d’un tout autre comportement humain désormais habité ! Parce que l’homme privé d’intelligence et de mémoire peut encore être Miséricordieux devant l’apparition de ses misères quotidiennes. Seul celui qui a su être bouleversé par sa propre misère saura être bouleversé par la misère d’autrui. Car être bouleversé par notre propre misère, c’est être touché par la pire des misères terrestres… et c’est toujours la nôtre ! Tant que l’on ne s’est pas aimé soi-même dans ses plus grandes misères intimes, on ne sait pas ce que c’est qu’aimer. Et la sensibilité n’est pas la sensiblerie. La sensibilité, c’est le réveil de la Vérité, tandis que la sensiblerie n’est que le spectacle d’une fausse sensibilité. L’homme miséricordieux, c’est celui qui réveille au fond de lui tout un monde de sensibilité VRAIE, créant ainsi de nouveaux organes des sens pour un nouvel humain.
C’est cette miséricorde pour soi-même qui produira peu à peu une miséricorde pour les autres et pour le monde.
C’est cette toute nouvelle sensibilité qui produira une toute nouvelle sensibilité envers les autres et le monde. Et le mauvais sang du jugement permanent contre soi-même sera remplacé par le bon sang pour soi-même. Ce même bon sang qui est peut-être bien le sang du Christ offert aux Hommes comme nouvelle alliance entre la créature et le créateur.
Cette miséricorde qui commence pour soi-même (foi spirituelle de la quête du meilleur de soi) est aussi une miséricorde qui se développera alors vers le Christ et Dieu (foi religieuse) pour s’achever dans une miséricorde envers la misère d’autrui (foi apostolique). Et ces trois miséricordes successives vont alors transformer toute la vie intérieure humaine et sans doute le fonctionnement biologique de certaines fonctions. Très certainement l’homme miséricordieux, parce qu’il verra mieux en lui-même, va considérablement augmenter sa perception des autres et du monde. Comme si soudain on se mettait à voir les autres et le monde dans une certaine transparence, aussi profonde que la transparence première pour soi-même. Car aussi loin on peut se voir au-dedans, aussi loin il nous est offert de voir au-dedans les autres et le monde. « Connais-toi toi-même et tu connaîtras l’univers et les Dieux » est-il écrit sur le fronton du temple de Delphes !
C’est précisément cette toute nouvelle sensibilité qui va produire en cascade l’Homme inspiré,
c’est-à-dire l’homme qui perçoit instantanément sans intelligence et sans mémoire la réalité de l’autre et du monde. Cet homme-là découvrira une intime conviction immédiate sans intelligence et sans mémoire qui lui fera soudain rencontrer l’autre et le monde dans la miséricorde apprise au-dedans.
Les yeux, les oreilles, le nez, le goût vont s’ouvrir à cet exercice permanent de perception immédiate. Le toucher va lui aussi devenir tellement plus évolué quand les mains qui sentent se mettront à caresser l’autre, la plante ou l’animal. Les mains comme les yeux, la bouche, le nez et les oreilles ne vont pas seulement être des organes de réception, des organes des sens qui reçoivent, mais ils vont sans doute devenir aussi des organes des sens qui émettent. Alors la main qui caresse sera aussi la main qui rayonne la miséricorde. Alors les yeux qui voient deviendront aussi les yeux qui rayonnent la miséricorde. Alors tous les organes des sens se mettront à rayonner cette nouvelle performance !
Tout comme l’intelligence et la mémoire ont construit l’homme moderne et le monde moderne qui va avec, il y a fort à parier que l’Homme inspiré construira un nouveau fonctionnement humain et aussi un tout autre monde résultant de ce nouvel Homme. Car l’Homme miséricordieux inventera forcément un monde plus miséricordieux.
Faisons un peu de science-fiction pour essayer d’apercevoir les nombreuses conséquences possibles de l’Homme inspiré dans un monde inspiré. Sans doute sa miséricorde remontera-t-elle jusqu’au traumatisme périnatal qui nous rend imparfaits dès la naissance puisque la nature humaine est par essence imparfaite (« depuis le péché originel » diraient les Chrétiens). Sans doute la miséricorde étendue jusque sur nos origines nous fera apercevoir combien la vie qui nous traverse a commencé bien avant notre conception et continuera bien après notre mort. Comme si la miséricorde, en rencontrant l’imperfection originelle mais aussi les circonstances de la mort, pouvait faire fondre à nos yeux les limites de la vie humaine. Comme si soudain la vie humaine n’était plus seulement entre la naissance et la mort !
Tout comme, en dessous de nous, il existe un règne animal qui ne perçoit pas sa mort prochaine, est-il possible qu’il existe une fin de règne hominal annonçant un règne suivant au-dessus de nous et qui soit capable de dépasser la vision de la naissance et de la mort pour une vision de la vie dans son ensemble et non pas seulement dans l’épisode en cours ? Bon, là, c’est sûr, je vais passer pour un fou ! Tant pis, je persiste et je signe : l’Homme inspiré saura, comme le prochain règne après l’humain, voir la vie dans son ensemble et non pas seulement l’épisode en cours. Et ce sera un des résultats de l’homme miséricordieux : voir sa vie éternelle aussi bien que sa vie temporelle. D’ailleurs n’est-elle pas promise aux croyants, cette nouvelle dimension de la vie éternelle, avec l’obligation d’y croire dans la phrase finale du Credo ?
Oui, je vais vraiment paraître fou… en disant que l’Homme Inspiré, ce n’est que la préparation d’un cinquième règne qui percevra sa vie éternelle aussi bien que l’épisode présent de sa vie temporelle. Et pourquoi pas ?
Il y a encore plus fou : si désormais les organes des sens s’ouvrent par la miséricorde à une sensibilité accrue immédiate et sans intelligence des autres et du monde, une sensibilité accrue qui ne se contenterait pas de sentir les choses au-dehors mais aussi les choses au-dedans, alors
On peut imaginer que cet Homme inspiré sera bien plus en relation avec la partie non visible de la vie.
Est-il possible en effet que cet Homme inspiré soit en relation avec l’esprit de toute chose autant qu’avec la chose elle-même ? Est-il possible que la médiumnité jusque-là assez folklorique devienne une habitude de perception des organes des sens, une nouvelle performance de notre ressenti ? D’accord, je fais sans doute de la science-fiction, mais il est quand même permis de s’interroger sur ce sujet. Car après tout, si le champ de perception de cette nouvelle Conscience rend l’Homme inspiré capable de voir la vie invisible avant la mort et la vie invisible après la mort, pourquoi ne serait-il pas capable de voir la vie invisible autour de lui ? Nous acceptons tous qu’il y ait des couleurs visibles et des couleurs invisibles. Pourquoi n’y aurait-il pas une réalité visible offerte à l’homme intelligent et une réalité invisible (une réalité seulement plus large) offerte à l’Homme inspiré ?
Ainsi donc cet Homme inspiré que nous avons essayé de cerner dans ce petit exercice de contemplation, c’est bien le but de toutes les voies spirituelles, de toutes les quêtes. Cet Homme inspiré, fils de l’homme intelligent, c’est bien ce super-héros que tous les films actuels essayent à leur façon de vendre à l’imagination humaine. Cet Homme inspiré, ce i-Homme augmenté par l’intérieur, c’est bien l’avenir de l’humain quand tous les appareils nous auront volé l’intelligence et la mémoire.
Elisabeth D
Que c est bon de lire cela! En le lisant c est comme si je l avais déjà lu sans le savoir…
Merci de cette vision inspirée ! Vraiment merci