Cela fait 5 milliards d’années que la vie n’a cessé d’inventer des nouvelles performances pour pouvoir continuer sur terre.
Puis ces performances sont insuffisantes pour la sauver. C’est la loi de l’évolution des espèces. En permanence, il faut qu’une espèce accomplisse une dernière performance en date pour sauver la vie et permettre un épisode suivant qui lui-même devra inventer une nouvelle performance pour sauver à nouveau la vie et aller vers l’épisode suivant.
Depuis le minéral avec la capacité à supporter l’oxygène, le végétal avec la fonction chlorophyllienne, l’animal avec l’homéothermie, cela fait 5 milliards d’années, 5 milliards d’années d’une patience infinie, 5 milliards d’années de nouvelles performances successives pour que nous soyons possibles. Et depuis 6 millions d’années qu’il est apparu, c’est l’homme qui porte maintenant l’évolution possible ou non
Aujourd’hui, dans notre société occidentale, cet homme est lui aussi devant une nouvelle performance à inventer s’il veut sauver sa vie et la vie sur terre.
Et nous sommes alors tous devant une grave question : « Quelle est la dernière performance en date dont je suis responsable ? Puisque je suis la fin de ces 6 millions d’années, je dois m’interroger sur ce qui appartient à la dignité de toute ma vie, ma vie d’espèce humaine : quelle performance ai-je à accomplir pour que la vie continue après moi, plus évoluée encore ? »
Eh bien, cette dernière performance en date s’appelle miséricorde.
C’est-à-dire s’accorder le droit à sa propre misère, pour ensuite accorder aux autres le droit à leur misère, et accorder au monde le droit à sa misère.
L’homme miséricordieux est l’avenir de l’homme, ou alors la vie s’arrêtera sur terre.
Quels que soient les outils de la vie intérieure qu’il va utiliser pour y parvenir, l’homme devra devenir d’abord miséricordieux des misères qui l’habitent, pour ensuite pouvoir l’être de toutes les misères qui l’entourent. Que ce soit par exemple dans les arts martiaux, où on apprend à tomber et à tomber encore, jusqu’au jour où on découvre la miséricorde et qu’on ne blesse plus son corps en tombant, que ce soit dans l’Assise immobile et silencieuse où on apprend à aimer l’imperfection insupportable qui nous habite dans l’instant, tous les outils nous conduisent au même endroit : rencontrer l’homme miséricordieux en nous, qui est le meilleur de l’homme.
Nous avons le choix entre deux destins, aujourd’hui, maintenant, dans l’heure qui vient : être celui qui juge ou être celui qui est miséricordieux.
Le mauvais avenir de l’homme est l’homme qui juge tout, lui-même, les autres et le monde, qui refuse la nouvelle performance.
L’autre avenir, qui ouvre sur l’évolution de la vie, est l’homme de miséricorde, l’homme du sourire, avec les mains ouvertes sur lui, sur les autres et sur le monde.
Et nous avons le choix seulement pour nous-mêmes. Nous ne pouvons pas forcer les autres à être miséricordieux, nous pouvons l’être nous, ou ne pas l’être, c’est tout.
Merci Bernard montaud c’est exactement ce que je ressens depuis des années et que je vis et applique avec bonheur depuis quelques temps .