De tout temps, dans toutes les traditions, la foi spirituelle et la foi religieuse ont été complémentaires, me semble-t-il ! Mais qu’est-ce donc que ces deux sortes de foi ? Se peut-il que la première introduise dans la seconde ? Se peut-il que sans la première, la seconde soit seulement un opium du peuple ? Se peut-il que sans la seconde, la première soit une prétention vaniteuse ? Se peut-il que l’une sans l’autre, cela soit toujours faux ?
La première, la foi spirituelle, n’a pas besoin de Dieu, puisqu’elle se consacre « au meilleur de l’homme »… seulement essayer de rejoindre le meilleur de soi ! Seulement apprendre le passage du pire au meilleur de soi ! Alors on comprendra que cette foi soit organisée autour de la relation Maître-élève, ou enseignant-enseigné. Comme si l’élève, en choisissant un Maître, choisissait un meilleur de lui-même incarné dans autrui. Jamais le Maître n’est parfait, il est seulement plein là où l’élève est vide. Il est seulement l’incarnation d’un meilleur là où le disciple est encore incarné dans le pire. Alors l’amour porté au Maître est avant tout de l’amour porté au meilleur de soi-même ! Avec cette petite foi spirituelle, il s’agit avant tout de développement personnel dans un apprentissage de la Sagesse, dans un savoir-vivre supérieur, et dans une nouvelle éthique de l’existence. Oh, bon sang, comme Bernard Montaud, ce n’est pas grand-chose à côté de l’élève de Gitta Mallasz, que je suis aussi ! Car c’est cet élève qui résume le mieux mon désir quotidien d’être un peu meilleur. Car c’est cet élève qui contient la nature supérieure de mon être ! Et il n’est pas besoin de Dieu dans cette affaire : c’est l’élève de Gitta Mallasz en moi qui résume à merveille cette envie d’être meilleur qui m’habite depuis trente ans !
La foi religieuse est tout autre ! Elle est l’horizon de tous nos amours, et sans aucun doute l’amour le plus compliqué qui soit : l’amour entre la créature et le Créateur, l’amour entre l’homme et le Christ, entre l’humain et Dieu ! Et tous nos amours précédents – avec Maman, avec Papa, avec notre conjoint, avec notre Maître, avec notre ange éventuellement – nous préparent à ce dernier amour : « Est-ce que tu sais aimer le Christ ? Est-ce que tu sais être le fils du Père quand tu dis le « Notre Père » ? Est-ce que tu sais aimer Dieu lui-même ? »
La foi religieuse, c’est la grande aventure de la vie humaine : savoir aimer Dieu ! C’est le couple Créateur-créature qui va présider à cette expérience mystique. Mais savoir aimer l’ange, savoir aimer la vierge Marie, savoir aimer le Christ mort pour nous racheter sont autant d’expériences nous préparant à cette sincérité amoureuse envers Dieu.
Oh, bon sang, comment on fait, pour aimer Dieu ? Comme c’est difficile, d’apercevoir l’amour pour Dieu ! Moi, je sais si mal m’y prendre avec Dieu qu’il me faut sans cesse réapprendre à prier, réapprendre la messe et l’intime Eucharistie, réapprendre la langue en Vérité des Evangiles. Elle est tout autre, la foi religieuse… mais pour autant, sans ma foi spirituelle, comment pourrais-je me présenter devant Dieu ?
Il m’a fallu apprendre à être Elève, un vrai élève, pour qu’un jour devant Dieu je sois enfin capable d’être un croyant, un vrai croyant, s’essayant à l’Amour pour LUI.
Lc 19:5- Arrivé en cet endroit, Jésus leva les yeux et lui dit :
» Zachée, descends vite, car il me faut aujourd’hui demeurer chez toi. »
Peut-être bien que c’est Dieu qui prend l’initiative, qui nous aime en premier et qui nous cherche !?