La foi spirituelle, la foi religieuse et la foi politique

Mise en ligne le 9 novembre 2016

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Il serait bon de se demander quand même pourquoi Dieu a éprouvé le besoin d’envoyer trois prophètes pour nous réveiller à une autre dimension de l’humain. Pourquoi l’Histoire a-t-elle eu besoin de ces trois hommes pour inciter toute l’espèce humaine à être meilleure ? Car enfin, il y a là une énigme qu’il faut résoudre : pourquoi trois expériences de surhumanité et non pas quatre, et pourquoi une seule n’aurait-elle pas suffi ?

The_Victory_of_Buddha by Abanindranath Tagore

Comme tous les autres règnes, l’espèce humaine est d’abord apparue dans sa nature inférieure. Le minéral anaérobique est devenu au fil du temps le minéral aérobique, le végétal sans chlorophylle est à son tour devenu un végétal plus évolué avec chlorophylle, et l’animal à sang froid s’est transformé en animal à sang chaud. Pour l’humain, il en sera de même. D’abord apparaît l’homme dans sa nature inférieure : l’ego. Cet homme qui se perçoit lui-même par sa possession des choses et des objets. Cet homme qui sent qu’il est seulement s’il a. Car cet homme, pour être, a besoin d’avoir. Et si l’humain ne fait aucun travail sur lui-même, c’est par cette nature inférieure qu’il parvient à vivre.

Mais l’Histoire – ou Dieu pour ceux qui sont croyants – semble avoir proposé aux humains une nature supérieure, comme dans tous les autres règnes. Et cette nature re-susciterait l’homme dans l’Homme, c’est-à-dire dans une nature supérieure ayant une tout autre façon d’exister. Cet homme 2, ce fils de l’homme 1, ne serait-il pas celui qui réussit à être seulement s’il sert à quelque chose ? Cette nature supérieure de l’homme, n’est-elle pas une tout autre façon d’être, non par l’avoir et la consommation, mais par le service et l’utilité ? « Je suis parce que je sers », ce n’est plus « je suis par ce que j’ai » ! L’Homme re-suscité dans une tout autre direction de l’existence, c’est bien cette nature supérieure de notre petite espèce soudain inspirée par trois prophètes.

Mais pourquoi donc a-t-il fallu trois prophètes, trois auteurs, pour faire cette incroyable découverte : apprendre enfin à mieux se servir de sa nature humaine ! Comment ces trois hommes sont-ils arrivés à lire toute la notice d’utilisation de notre humanité pour enfin comprendre la véritable nature de l’humain : seulement en servant et en partageant l’homme parvient au bien ĒTRE.

VIe siècle, Monastère Sainte-Catherine du Sinaï, Égypte

Sur six millions d’années d’existence de notre petite espèce, il faut attendre moins 600 ans avant Jésus-Christ pour la venue de Bouddha, puis il y a eu la venue du Christ, et 600 ans après Jésus-

Christ est arrivé Mahomet. Sur six millions d’années, voilà 1200 ans qui ressemblent à un claquement de doigts comme pour nous dire : « Allez, on passe à autre chose ! Il faut que maintenant la vie évolue dans l’espèce humaine pour qu’elle sauve sa peau. Sinon la Vie sur terre est condamnée ! »

Et jusque-là, l’homme, encore dans sa nature inférieure, croyait à de multiples dieux. Jusque-là, une foi un peu infantile était encore suffisante pour le nourrir. Jusque-là, l’humanité encore dans  l’enfance avait besoin de croire à tous ces panthéons et toutes ces histoires merveilleuses pour que la foi soit possible dans l’humain. Et patatras, voilà que trois surhommes, les trois premiers inventeurs de la nature supérieure de l’humain, vont nous indiquer trois formes de foi nouvelles pour accéder au meilleur de chacun. Bon sang, d’un coup, en seulement 1200 ans, en seulement un claquement de doigts, voilà trois prophètes qui nous enseignent la foi en un seul Dieu. Révolution de la pensée, totale révolution de se penser soi-même, et de croire !

Il a fallu trois prophètes parce que, selon moi, cette foi nouvelle en un seul Dieu se divise en trois parties. Tout d’abord la foi spirituelle, celle qui n’a même pas besoin d’un Dieu puisqu’il s’agit de croire d’abord dans le meilleur de l’homme. Cette foi spirituelle, fondée par Gotama Bouddha, invite chacun à essayer d’être meilleur à chaque instant. Et puis est apparu son complément, la foi religieuse enseignée par le Christ mort pour nous sur la Croix. Une foi d’une tout autre nature entre la créature et son créateur unique. Une seconde forme de foi cherchant à élever le meilleur de l’homme encore plus haut dans le sacré. Une foi de seconde élévation pour l’espèce humaine où les rites, les temples, les églises et l’Eucharistie sont nécessaires pour permettre cette seconde croissance. Alors devient possible la troisième croissance : la foi politique, la foi dans des  Actes capables de changer le monde. Cette troisième croissance est proposée par Mahomet : comment l’humain deux fois au meilleur de lui-même pourrait devenir agissant pour changer le monde et le rendre meilleur à son tour.

Mahomet et l'ange Gabriel (détail), the Edinburgh University Library, ScotlandVoilà bien, à mon sens, la raison de ces trois prophètes, de ce triple rendez-vous des humains avec l’histoire de l’évolution sur terre : il nous faut passer désormais à une foi plus adulte, une foi monothéiste, une foi beaucoup moins enchantée et beaucoup plus pratique, une foi qui cherche en trois étapes à rendre l’homme meilleur pour qu’à son tour il rende le monde meilleur. Et par là même qu’il sauve la Vie sur terre !

Se peut-il que la foi spirituelle, plus la foi religieuse, plus la foi politique soient les trois étapes offertes à notre espèce pour qu’elle passe de sa nature inférieure à sa nature supérieure ? Se peut-il que ces trois formes de foi soient si complémentaires qu’il est impossible de les envisager séparément ? Se peut-il qu’aucune d’elle ne soit supérieure (même si, bien sûr, chacun croit que la sienne est la meilleure !) et que chacune ne trouve son accomplissement qu’en acceptant les deux autres ? Se peut-il que l’Histoire ne nous laisse pas le choix, et qu’en un claquement de doigts (1200ans) elle nous ait invités à prendre désormais la route du meilleur de l’homme : le fils de l’homme ? Sinon la Vie sur terre sera condamnée, si l’humain refuse de passer du pire au meilleur de lui-même.

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Merci Bernard pour cette belle synthèse de la vie sur terre et de sa transformation du pire au meilleur de l’Homme!
J’apprécie aussi beaucoup cette « trilogie » successive des trois prophètes nous menant à nous réaliser comme Sujet aimant au fil de la croissance du monde..

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Boudha n’est pas prophète et n’a jamais prétendu l’être. Il ne peut être le messager d’aucun Dieu puisqu’il  »n’a même pas besoin d’un Dieu ». D’ailleurs, peut-on parler de « foi » dans le bouddhisme ?

Pour Jésus, excusez-moi mais le vêtement de prophète est trop petit. Il a fait bien plus que transmettre la Parole de Dieu, il l’a incarné, il l’a vécue concrètement, il a appliqué son enseignement à lui-même, faisant de sa vie l’exemple vivant de son message. Il est lui-même « Verbe de Dieu », parole vivante qui « dévoile » la présence de Dieu. Jésus est « le fils de Dieu », il appelait Dieu « Père » et même « papa », et nous invite à faire de même, pour devenir des enfants de Dieu. Et à son disciple Philippe qui lui demande :  »Montre-nous le Père », Jésus répond :  »Tu ne m’as pas encore reconnu ! Celui qui m’a vu a vu le Père ». Jésus est la Porte…

Et pourtant il s’en trouve effectivement qui s’opposent à la divinité du Christ, et qui proclament que Jésus était seulement un prophète. C’est le cas, en particulier de l’Islam pour lequel Jésus a été le dernier grand prophète avant Mahomet.

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