Ah, les gilets jaunes… en voilà, une drôle de révolte !

Mise en ligne le 26 décembre 2018

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C’est sans doute une toute nouvelle forme de révolte que celle des gilets jaunes,

une révolte tous azimuts, une révolte contre toutes les taxes, une révolte aux revendications multiples, une révolte hors des partis et des syndicats, une révolte sans leader, sans porte-parole pour négocier avec le pouvoir. Bref, voilà une révolte d’un nouveau genre, inédite, et qu’il va bien falloir chercher à comprendre si on veut pouvoir lui répondre.

Il faut se remettre dans le contexte historique pour sentir la source de cette souffrance collective des gilets jaunes. Car il y a de quoi être inquiet :

– avec la pollution partout, dans les airs, l’eau, la terre, les mers,
– avec l’épuisement des réserves mondiales de matières premières,
– avec l’effondrement de la biodiversité et les multiples disparitions animales,
– avec le triple gisement de misère que l’Occident bien trop riche est en train d’inventer (la misère intérieure des SDF ; la misère extérieure des « trop pauvres » – les migrants – qui veulent venir chez les « trop riches » ; et bientôt la misère des déplacés climatiques quand la montée des eaux aura commencé),
– avec des gouvernements populistes donc un pré-fascisme qui se répand un peu partout sur la terre juste pour protéger le magot des « trop riches »,
– avec des pays émergents (comme la Chine, l’Inde, le Brésil, la Russie) qui vont bientôt réclamer la même consommation que nous… ce qui est impossible,
– avec une surpopulation mondiale qui ne permettra bientôt plus de nourrir tout le monde,
– avec le réchauffement climatique qui va produire une montée des eaux inexorable.

Un jour prochain, il va bien falloir en convenir : il existe un besoin urgent de changement !

Et tout le monde est d’accord là-dessus… à commencer par tous les gilets jaunes, bien sûr soutenus par tous : IL FAUT QUE CELA CHANGE PARTOUT ! Parce que chacun en Occident veut préserver son confort et ses économies, ce qui est bien normal.

Oui, mais voilà, tout le monde veut le changement mais personne ne veut se changer !

Or le changement ne peut pas venir d’un nouveau gouvernement, ne peut pas venir d’un nouveau système économique et financier ; il ne peut pas venir des autres… mais seulement de soi-même ! CAR C’EST CHACUN DE NOUS QUI DOIT CHANGER, SI NOUS VOULONS UN MONDE MEILLEUR, UN TOUT AUTRE MONDE, BIEN PLUS ÉQUITABLE ET PLUS JUSTE.

La révolte des gilets jaunes, c’est peut-être bien la révolte de la « paresse » quand chacun voudrait que le monde change sans que l’on ait à changer soi-même.

Une révolte de « faux culs », quand on veut un monde meilleur sans que l’on ait besoin d’être meilleur soi-même. Et personne ne se lève pour dire combien c’est impossible, combien c’est de la folie que de penser l’ordre du monde ainsi ! Tant que l’homme ne sera pas meilleur lui-même, toutes les conséquences de sa médiocrité continueront de se répandre sur toute la terre.

Ce n’est pas la pollution qu’il faut nettoyer, c’est le pollueur qu’il faut soigner.
Ce n’est pas la grande pauvreté qu’il faut juguler, c’est la trop grande richesse qu’il faut contrôler.
Il va falloir repenser le partage sur toute la terre, pour que chacun ait le droit d’avoir suffisamment pour bien vivre. Il va falloir interdire la quinzième paire de chaussures inutile chez les « trop riches » pour que les « trop pauvres » puissent avoir leur première paire de chaussures si utile ! Il va falloir partager le gâteau des richesses mondiales avec un plus grand nombre d’humains, alors forcément il faudra réduire toutes les parts ! Mais qui nous prépare à cette terrible réorganisation ? Elle est là, cette douleur confuse, elles sont là, les revendications tous azimuts des gilets jaunes : c’est la grande peur du monde à venir ! C’est la grande peur d’un changement qui va nous être défavorable. C’est la grande peur d’avoir à changer nos habitudes et toute notre consommation pour que le monde change et aille vers un partage plus juste et plus équitable

En fait, les gilets jaunes, c’est chacun de nous…

là où nous n’acceptons pas le monde qui change et qui évolue, là où nous refusons d’avoir à changer pour que le monde change, là où nous craignons de tout perdre si les autres se mettent eux aussi à vouloir consommer comme nous. La révolte sourde des gilets jaunes murmure au fond de nous tous des craintes secrètes devant un avenir incertain… et nous sommes tous des gilets jaunes en Occident ! Et les pays européens doivent être sur leur garde, car la France est seulement en avance dans cette révolte.
Bientôt tout l’Occident des « trop riches » va confusément pressentir le danger de l’Histoire en route, pressentir les dangers d’une modernité qui se renouvelle et qui exigera bientôt une tout autre répartition des richesses. Alors, bien sûr, chacun espèrera qu’un nouveau gouvernement trouve des solutions nouvelles pour que nous n’ayons pas d’efforts à faire. Chacun espèrera le changement au-dehors pour que personne n’ait à changer au-dedans. Tout cela est peine perdue, tant il est inéluctable que l’équité collective commence par l’équité de chacun, tant il est inéluctable qu’un monde meilleur soit le résultat du meilleur de chacun.

Elle est là, cette douleur étrange des gilets jaunes :

elle hurle le besoin d’un monde meilleur, mais sans la nécessité du meilleur de chacun. JE VEUX BIEN LE CHANGEMENT, MAIS JE NE VEUX PAS CHANGER MOI-MÊME !
Quelle imposture ! Si nous n’apprenons pas à construire ce monde meilleur AVEC le meilleur de chacun, alors sans aucun doute c’est par la guerre que nous y serons forcés. Que celui qui a des oreilles entende…

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J’ai toujours été convaincu que le changement tant désiré commence par soi-même. Alors je ne peux qu’être d’accord avec l’intervention de Bernard Montaud. Cependant, la confrontation est nécessaire parce-que, d’elle, nait une nouvelle connaissance.
Le problème n’est donc pas la confrontation, mais la façon dont elle est menée.

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Tu crois vraiment qu’ils ne sont qu’une bande de paresseux ces gens qui « tiennent » des rond-points des semaines durant pour manifester leur désaccord avec la politique d’un gouvernement qui défend la logique perverse d’une « croissance » à tout prix ?
Étant entendu que ceux qui devront en faire les frais sont justement les riens du tout qui bivouaquent et qui se sont mis à penser à l’instar des canuts d’antan :
Nous tisserons le linceul du vieux monde
Car on entend déjà la révolte qui gronde
Moi, qui n’ai aucun lien personnel avec le moindre GJ (et attention, souvent un GJ peut habiller n’importe qui de pas très propre), je les percois plutôt comme des hérauts d’un nouveau paradigme.
Mais peut-être me trompé-je.

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BRAVO ! Enfin un message réfléchi et sensé. Il était temps de regarder la réalité en face…Quant à passer aux actes, la conscience individuelle seule suffira-t-elle?
Je suis trop vieux et trop faible pour agir utilement…C’est que je ressens actuellement.
Une forte synergie collective pourra seule me faire reprendre possession de mes ressources cachées, pour aider les générations futures à renaître du Désastre, si c’est encore possible ?
Je suis né en 1955, j’ai donc vécu les trente glorieuses et ce qui a suivi. J’ai bossé comme un fou, je n’ai rien vu venir et encore moins pu changer quoi que ce soi. Alors les jeunes, réussiront-ils ce miracle ? Je le souhaite, car il n’y a rien de plus beau que la vie sur Terre, hier et encore un peu aujourd’hui.
Amitiés, Laurent

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C’est étrange comme il faudrait que les autres changent tout, pour que nous n’ayons rien à changer en nous même ?

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Bonjour,

J’ai participé au gilet jaune dans ses débuts. Heureuse de constater que les autres, mes concitoyens, mes voisins, collègues et amis ouvrais les yeux sur l’état de notre société. Et je suis d’accord avec vous. En dialoguant, observant, écoutant, et suivant les gilets jaunes, j’ai pu constater que la population à du mal à imaginer autre chose que ce qu’elle connait, que ce qu’elle a appris dans les livres d’histoire et dans leur chair. Et moi l’histoire ça ne me plaisait pas à l’école car j’avais l’impression qu’elle m’enfermais dans un mensonge, dans un seul regard… Il est répété depuis des millénaire le même schéma, les mêmes erreurs qui mène à la confrontation, aux divergences, à l’incompréhension et à l’agressivité en réaction. Depuis toute jeune j’ai toujours pensé qu’on pouvait faire autrement. Qu’il y a des solutions qu’on a la flemme de mettre en place. Il y a plein de bonnes idées, de solutions pratique pour changer en bien notre quotidien et pourtant rien ne se passe. Alors j’erre et je ballotte, chercheuse intérieur, isolée depuis si longtemps, je suis retourné dans mon coin, car je pense que si chacun ne prends pas conscience qu’il faut changer tous nos comportements rien ne changera et nous allons vers une guerre civile désastreuse. Je débroussaille mon intérieur pour y laisser place à mon changement. Il s’est produit un peu dans mes comportements au quotidien. Je l’ai rencontré, ce pur amour universelle qui ne demande aucun effort, qui vient tout naturellement, qui fait tomber les barrières de la peur, ou du ressentiment, de l’autre et qui nous ouvre les bras sans crainte. Je l’ai trouvé durant trois jours aux rencontres d’AMMA en France, mais cette empreinte est resté une semaine, tout au plus, et a disparu au contacte du quotidien dans cette société. je n’ai pas trouvé comment garder en moi ce pur amour mais je continue à chercher. En fait cette machine est tellement lourde que chacun de nous a l’impression de ne pouvoir rien faire. Moi je pense qu’il faut nettoyer en nous car nous sommes aussi pollué que notre pauvre planète.
Je fus acrobate équestre, formée chez Annie Fratellini, enseignante en fitness, yoga, sophrologie, praticienne Reïki et shiatsu.
J’apprécie vos recherches et m’y intéresse.

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